Depuis le lundi 19 mai 2025, un vent de panique souffle sur les réseaux sociaux gabonais. La plateforme Safety Breeding, qui promettait un modèle économique révolutionnaire fondé sur l’adoption d’animaux virtuels et des rendements financiers réguliers, pourrait bien être la dernière-née d’une longue série d’arnaques numériques à grande échelle au Gabon. Près de 150 000 personnes seraient concernées.
Un modèle trop beau pour être vrai
Sous des airs de projet innovant mêlant élevage, technologie et participation citoyenne, Safety Breeding proposait à ses utilisateurs d’« adopter » virtuellement des animaux d’élevage – poulets, chèvres ou porcs – pour générer des bénéfices liés à leur croissance et à leur revente supposée. Présenté comme une solution durable pour diversifier les revenus dans un contexte économique incertain, le projet dissimulait en réalité les rouages d’une pyramide de Ponzi classique, maquillée sous un vernis pseudo-agricole.
Le fonctionnement reposait sur un système de recrutement : les nouveaux adhérents devaient verser une somme initiale pour « adopter » un animal. Leurs gains dépendaient principalement de leur capacité à enrôler de nouveaux membres. Plus le recrutement était efficace, plus les promesses de rendement augmentaient. Les premiers arrivés touchaient effectivement des paiements, financés par les contributions des derniers inscrits — un schéma voué à l’effondrement.
Des centaines de millions évaporés
Selon plusieurs sources concordantes, plusieurs centaines de millions de francs CFA auraient transité par les comptes de Safety Breeding en l’espace de quelques mois. Sur les réseaux sociaux, les témoignages se multiplient : retraits bloqués, plateforme inaccessible, numéros injoignables. La disparition soudaine des responsables a laissé place à un silence pesant.
« Nous avons été victimes d’une escroquerie. Le site est fermé, les retraits bloqués. J’avais investi l’argent de ma dot. Aujourd’hui, je n’ai plus rien et mon mari parle de divorce », témoigne une utilisatrice bouleversée sur Facebook.
Plainte et début d’enquête
Face à l’ampleur du scandale, de nombreux utilisateurs ont commencé à déposer plainte, notamment auprès des opérateurs de téléphonie mobile, principaux canaux de transaction de la plateforme. À Libreville, un incident survenu le 18 mai dans une agence Airtel a éveillé les soupçons : un homme aurait tenté de vider des comptes liés à Safety Breeding. L’intervention rapide du personnel, assisté par les forces de l’ordre, laisse entrevoir une accélération des enquêtes judiciaires.
Un terrain fertile pour les arnaques numériques
Ce type d’escroquerie prospère sur la naïveté et la précarité économique de nombreux citoyens, souvent peu sensibilisés aux risques liés aux investissements en ligne. Fausses plateformes de trading, crypto-monnaies fantômes, promesses de rendements garantis : les arnaques numériques se réinventent sans cesse, tout en s’appuyant sur des schémas classiques bien rodés.
Safety Breeding n’est qu’un nom de plus dans une liste croissante de fraudes en ligne exploitant l’espoir et la confiance des populations vulnérables. En l’absence de réglementation stricte et d’éducation numérique généralisée, les victimes se comptent par milliers à chaque nouvelle vague d’arnaques.