Alors que les résultats provisoires de l’élection présidentielle ont été proclamés et que le pays entame une nouvelle phase politique, les rues de Libreville et d’autres grandes villes du Gabon continuent de porter les stigmates visuels de la campagne électorale. Panneaux, poteaux, carrefours, façades : les affiches des différents candidats sont toujours là, bien visibles, comme si le scrutin n’avait jamais eu lieu.
Pourtant, la législation est claire : conformément aux règles encadrant les campagnes électorales, les affiches doivent être retirées au plus tard à la fin de la période officielle, fixée ici au 13 avril dernier. Ce principe républicain fondamental vise à garantir à la fois l’équité entre les candidats, le respect de l’espace public et la clôture symbolique du temps électoral.
Face à cette situation, plusieurs citoyens s’interrogent : comment expliquer que tant de visuels soient encore en place ? Et surtout, qui doit en assumer la responsabilité ? Si les états-majors politiques sont en première ligne, cette inertie met également en lumière le rôle des équipes de communication et des agences chargées de la gestion des campagnes.
Durant la période électorale, ces structures se sont illustrées par leur réactivité et leur déploiement massif, parfois en quelques heures, pour tapisser les villes de slogans et de portraits. Leur silence ou leur inaction actuels contrastent avec l’intensité de leur présence durant la campagne. Une absence qui interroge, tant sur le plan du professionnalisme que du respect des engagements contractuels souvent conclus avec les candidats ou leurs partis.

Selon certains analystes, ce relâchement traduit une forme de désinvolture vis-à-vis des règles républicaines. « Laisser ces affiches en place, c’est prolonger artificiellement une campagne juridiquement et politiquement terminée. Cela pose un problème de discipline et de respect des institutions », estime un politologue interrogé à ce sujet.
Ce laisser-aller est aussi une atteinte à la qualité de l’espace public, encombré de visuels devenus obsolètes, voire gênants. Dans un contexte de transition politique, où l’exemplarité des acteurs est plus que jamais attendue, le maintien de ces affiches apparaît comme le symbole d’un rapport à la République encore trop souvent négligé.
Reste à savoir si les autorités compétentes prendront des mesures pour faire respecter l’ordre établi, ou si ces affiches finiront simplement par s’effacer sous l’effet du temps, de la pluie et de l’oubli.