La sphère politique ivoirienne est en ébullition suite à la décision de la justice de radier Tidjane Thiam, président du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), de la liste électorale. Cette mesure, motivée par la supposée perte de sa nationalité ivoirienne après l’acquisition de la nationalité française, intervient à un moment crucial, à moins de six mois de l’élection présidentielle d’octobre 2025, pour laquelle Thiam était pressenti comme l’un des principaux candidats de l’opposition.
Selon les informations disponibles, le tribunal a estimé que Tidjane Thiam aurait perdu sa nationalité ivoirienne en devenant citoyen français en 1987. La décision s’appuie sur l’article 48 du Code de la nationalité, qui stipule : « Perd la nationalité ivoirienne, l’Ivoirien majeur qui acquiert volontairement une nationalité étrangère, ou qui déclare reconnaître une telle nationalité. »
Les avocats de Thiam contestent cette interprétation, arguant que leur client est Ivoirien de naissance par filiation — une nuance juridique qui, selon eux, devrait le soustraire à l’application de cet article. De plus, Tidjane Thiam avait récemment renoncé à sa nationalité française, en préparation de sa candidature.
En réaction, le président du PDCI a vivement dénoncé cette décision dans un communiqué, la qualifiant d’« injuste, injustifiée et incompréhensible », évoquant un « déni de justice indigne d’une démocratie ». Il en appelle par ailleurs à la communauté internationale pour soutenir « les électeurs ivoiriens dans leur quête d’élections libres et équitables ».

Cette radiation pourrait avoir des conséquences majeures sur la présidentielle de 2025. Tidjane Thiam, récemment élu à la tête du PDCI et nommé coordinateur de la coalition pour l’alternance pacifique en Côte d’Ivoire, représentait l’espoir d’une opposition unie face au RHDP, parti au pouvoir. Son exclusion prive donc l’opposition d’une figure de proue et affaiblit son positionnement stratégique à l’approche du scrutin.
Cette décision de justice complexifie davantage le paysage politique et soulève de nombreuses interrogations sur l’inclusivité et la transparence du processus électoral. L’absence de candidats de poids au sein de l’opposition pourrait en effet accentuer les tensions et accroître la polarisation dans un pays encore marqué par un passé électoral conflictuel.
L’avenir politique de Tidjane Thiam ainsi que la configuration de l’opposition à l’approche de l’échéance électorale restent incertains. Cette affaire devrait continuer à alimenter le débat public dans les semaines à venir.