La composition du premier gouvernement de la Vᵉ République, nommée le 5 mai 2025 par le Président Brice Clotaire Oligui Nguema, a vu l’entrée de plusieurs personnalités, dont le Colonel Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, nommé à la tête du portefeuille stratégique des Transports, de la Marine marchande et de la Logistique. Bien que cette nomination s’inscrive dans la dynamique politique de transition, elle suscite des interrogations quant à sa compatibilité avec le statut de militaire de carrière, à la lumière du droit gabonais.
Connu pour son rôle de porte-parole du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), le Colonel Manfoumbi accède désormais à une fonction explicitement civile de haut rang. Toutefois, cette transition interroge, notamment au regard de l’Ordonnance n° 007/PR/2010 portant Statut Particulier des Militaires.
Selon plusieurs analyses juridiques fondées sur cette ordonnance relayées par la plateforme officielle Legigabon, des incompatibilités semblent exister entre le statut de militaire en activité et certaines fonctions civiles, dont celle de membre du gouvernement.
L’article 73 de ladite ordonnance énumère clairement les fonctions incompatibles avec l’exercice d’un emploi au sein des Forces de défense, incluant explicitement celle de ministre. L’article 74 précise que tout militaire nommé à l’une de ces fonctions « perd automatiquement son statut de militaire et est radié des cadres ». L’article 163 complète cette lecture en encadrant les conditions de radiation des militaires.
Ainsi, si ces dispositions sont strictement appliquées, la nomination du Colonel Manfoumbi impliquerait sa radiation automatique des cadres militaires, entraînant la perte de son statut d’officier en activité au profit de celui de civil.
Cette situation pose plusieurs questions : le colonel a-t-il officiellement quitté les rangs de l’armée avant sa nomination ? La radiation a-t-elle été prononcée conformément aux textes ? Ou, au contraire, assistera-t-on à une réinterprétation de ces dispositions dans le contexte actuel de transition institutionnelle ?
Elle met en lumière les défis liés à l’application des cadres juridiques en période de réformes politiques majeures. Il reste à savoir si cette nomination entraînera des ajustements réglementaires ou sera simplement considérée comme conforme, au regard des exigences spécifiques de cette phase de transition.