Depuis plusieurs semaines, les rumeurs concernant un remaniement ministériel au Gabon se multiplient. À peine sept mois après la formation du gouvernement actuel, la possibilité d’un remaniement ministériel, voire d’un changement de Premier ministre, alimente les discussions. Des confidences se répandent sur les réseaux sociaux et dans les conversations privées, laissant entendre que plusieurs ministres, notamment ceux en charge des finances, pourraient être concernés. Pourtant, peu d’analyses se concentrent sur l’évaluation de leur performance ou sur les bénéfices potentiels de tels changements, les spéculations prenant souvent le pas sur les faits.
Cette vague de rumeurs a plongé les ministres dans une situation délicate, entre la pression de l’opinion publique et les exigences du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI). Cette incertitude constante génère une atmosphère d’inquiétude, rendant difficile pour certains ministres de se concentrer pleinement sur leurs fonctions. Un climat similaire existait sous le régime précédent, où les rumeurs de remaniement étaient fréquentes, menant à une instabilité qui rendait difficile la gouvernance.
Le président de la République, en tant que chef de l’exécutif, doit travailler en étroite collaboration avec le Premier ministre pour assurer une gouvernance efficace. Prendre des décisions hâtives pour remanier le gouvernement ou changer de Premier ministre pourrait non seulement perturber le fonctionnement de l’administration, mais aussi créer un climat de méfiance et d’incertitude. Les citoyens, qui aspirent à un gouvernement stable et efficace, n’ont pas intérêt à voir se multiplier les remaniements ministériels, souvent symptomatiques d’une crise politique sous-jacente.
La Charte de la Transition et la Constitution de 1991 donnent au président la prérogative de modifier la composition du gouvernement, mais ces pouvoirs doivent être exercés avec discernement. Les appels à un remaniement, souvent motivés par des intérêts personnels ou des frustrations, peuvent brouiller les priorités gouvernementales et affaiblir la cohérence de l’action de l’État. L’instabilité politique est un obstacle à la réalisation des objectifs de la transition, qui vise à mettre en place des institutions solides et un État de droit.
Le danger d’un remaniement précipité
Certaines voix suggèrent la nomination du Colonel Ulrich Mamfoumbi Mamfoumbi au poste de Premier ministre. Si cette proposition vise à répondre à des aspirations de rigueur et d’efficacité, elle risque de détourner le CTRI de sa mission principale : la refondation de l’État et la consolidation des institutions démocratiques. Il est essentiel de rappeler que la transition a pour objectif de restaurer la confiance dans les institutions, et non de plonger le pays dans une nouvelle ère d’incertitudes.
Depuis sa formation, le gouvernement a déjà subi plusieurs modifications, avec l’ajout de nouveaux ministres et une augmentation du nombre de portefeuilles. Continuer sur cette voie d’instabilité pourrait donner l’impression d’un manque de vision claire et d’une incapacité à stabiliser le pays. Le régime précédent, marqué par une fréquence élevée de remaniements ministériels, a montré les dangers de telles pratiques pour la gouvernance et la continuité de l’action publique.
Le remaniement ministériel, bien que légalement possible, doit être abordé avec prudence et discernement. Plutôt que de céder aux pressions et aux rumeurs, il est crucial de se concentrer sur la stabilité du gouvernement pour garantir la réussite de la transition en cours. La stabilité institutionnelle est essentielle pour restaurer la confiance du peuple gabonais dans ses dirigeants et pour mener à bien les réformes nécessaires à la refondation de l’État.